Avec la réouverture graduelle de la production manufacturière au Québec annoncée le 28 avril par le Premier ministre Legault dans la foulée d’un processus de déconfinement, il devient crucial de relancer rapidement les relations entre les premiers ministres de l’Est du Canada et les gouverneurs des six États de la Nouvelle-Angleterre.  Il faut que toute cette grande région puisse disposer rapidement d’un plan de relance qui permettra de rassurer le Premier ministre du Canada Justin Trudeau et le Président des États-Unis Donald Trump afin que la réouverture de la frontière se fasse le plus rapidement possible.

Le 31 janvier 2020, le Ministre de l’Économie et de l’innovation Pierre Fitzgibbon rappelait devant un parterre de la CCMM qu’en 2017, seulement 11 % des entreprises québécoises exportaient leurs produits et services. En 2020 ce chiffre est passé à 25 % et le Ministre souhaiterait qu’au cours des prochaines années, la moitié du PIB québécois soit issue de l’étranger.  Avec la crise du Coronavirus on est en droit de douter que les prochaines années pourraient se transformer en décennies.  Cependant, une solution de proximité existe et il nous faut la saisir dès maintenant.

Après la crise et pendant le processus de déconfinement on peut déjà penser que le marché de la Nouvelle-Angleterre pourrait prendre encore plus d’importance puisque ce n’est pas demain la veille, que le Québec va pouvoir prospecter les marchés internationaux et reprendre au rythme d’avant, les relations d’affaires en dehors de l’Amérique.  Il devra d’abord et inévitablement se rabattre sur son premier marché d’exportation : La Nouvelle-Angleterre.  Le Québec vend toujours plus en Nouvelle-Angleterre (14,1%) que dans tous les pays européens et de la CEI réunis (9,7%).  Dans la seule grande région de Sherbrooke on parle de 70 % de notre marché d’exportation qui se trouve en Nouvelle-Angleterre.

La Nouvelle-Angleterre et les Maritimes comme planche de salut

À chaque année depuis 1973, se tient la conférence des Premiers ministres de l’Est du Canada et des Gouverneurs des six États de la Nouvelle-Angleterre.  En septembre 2019 la 43ème conférence devait avoir lieu au Nouveau-Brunswick mais l’ouragan Dorian a forcé son annulation.  Il a fort à parier que la 44ème conférence pourrait bien ne pas se tenir car cela ne sera probablement pas une priorité dans le processus de déconfinement que nous allons vivre au cours des prochains mois.

Quoi faire alors?

Le Québec a toujours été au-devant des relations internationales de par sa nature de province francophone relativement isolée et de la nécessité d’exporter pour survivre et se développer.  C’est même Robert Bourassa qui en 1973, initie la première participation du Québec à la conférence des gouverneurs des États de la Nouvelle-Angleterre et des Premiers ministres des provinces de l’Est.  Depuis, les liens se sont toujours poursuivis et des ententes de collaboration ont été signées et renouvelées au fil des ans.

Après cette crise sans précédent, il serait normal et probablement bien vu de la part des Gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des Premiers ministres des provinces maritimes que le Québec poursuive dans la même veine et ‘’call’’ un meeting virtuel avec ses homologues de la conférence au cours des prochains jours afin de privilégier une stratégie de reprise des affaires basé sur le concept du commerce de proximité et qui permettrait de relancer ce grand marché de 25 millions de personnes.

J’imaginerais très bien le Premier ministre Legault prendre le leadership de cet appel qui porterait sur une stratégie visant d’abord à sécuriser les marchés qui existaient avant la crise, puis favoriser une démarche d’entraide entre les provinces de l’Est et les six États de la Nouvelle-Angleterre.  Il faut refaire l’État des lieux, savoir rapidement quelles entreprises ont perdu leurs liens d’affaires à l’exportation.  En discutant avec mes contacts au New Hampshire cette semaine, j’apprenais moi-même que certains distributeurs américains basés dans cet État ont perdu plus de 90 % de leurs réseaux de détaillants ailleurs aux É.U.  Pour l’exportateur québécois qui vend à ce type de distributeur, le ressac pourrait être majeur.  Un état des lieux serait bienvenu afin que les Provinces et États puissent ensemble, mieux planifier la reprise en ciblant dès maintenant, les maillons qui se sont brisés et pouvoir ainsi soutenir la création de nouveaux réseaux.  De cette manière, non seulement le premier ministre enverrait un messager clair à Ottawa, mais surtout, il enverrait un message rassurant et motivant au locataire de la Maison blanche qui souhaitait plus tôt en avril, une réouverture de la frontière canado-américaine au-delà des seuls passages des biens essentiels et médicaux.  Ce message d’unité et le désir de collaborer, se trouverait ainsi matérialisé en faits réels et non juste en vœux pieux.

Cette façon d’aborder le leadership québécois dans cette partie de l’Amérique du Nord serait une autre manière d’exprimer cette aptitude toute québécoise à se démarquer, prendre la pôle et ‘’caller la shot’’ comme on le dit si bien en français.  Il en va de notre avenir économique à tous et il en va d’un commerce de proximité dans lequel nos Provinces et États devront favoriser avec encore plus de vigueur qu’en ce moment.  Qui plus est et à l’aube d’un taux de change qui va avoisiner les 35 % et forcément va nous favoriser grandement pour les années à venir et permettre l’entrée de devises états-uniennes pour renflouer la caisse, il n’y a pas lieu de s’en passer me semble-t-il.

Pierre Harvey, M.Sc.

Président
Harvey International Inc.
113 Saint-Jacques
Sherbrooke, QC
J1R 0T2

819 560-2499

Source: La Tribune